samedi 15 septembre 2012

Les outils technologiques.


 Je vous propose aujourd'hui un survol des principaux outils du web 2.0. Cette liste est loin d'être exhaustive. Je me suis intéressée aux outils utiles dans une classe du secondaire (élèves de 14 à 16 ans) en sciences dans le cadre d'un enseignement par projet. Certains d'entre eux sont totalement en ligne, caractéristiques de ces outils du web 2.0. D'autres nécessitent l'installation d'une application locale. Mais tous sont gratuits, disponibles; j'en ai expérimenté certains, d'autres demandent encore l'occasion d'être essayés.


Les enfants qui ont grandi avec la technologie, la génération « C » ont développé un esprit « hypertexte ». Ce mot est défini comme une fonction permettant d'établir des liaisons directes entre divers éléments, que ce soit des éléments de texte, ou des images entre des documents différents. Les jeunes de l'âge numérique n'ont pas les structures de pensée linéaires qui ont caractérisé l'école depuis sa fondation. Leur esprit gambade et leurs schèmes sont parallèles, non linéaires. Ce ne sont plus les mêmes jeunes pour qui le système scolaire a été conçu. Ils ont passé des milliers d'heures à utiliser ordinateur, console de jeu, télévision, lecteur de musique portatifs et tous les autres outils de l'âge numérique.

L'école et plus particulièrement les enseignants, ont graduellement intégré depuis toujours les nouvelles technologies dans leurs pratiques, selon la volonté et les compétences de chacun. Pensons aux enregistrements audio, vidéos, aux émissions télévisées éducatives, aux divers types de projecteurs. Les pressions sociales pour que l'école change beaucoup plus vite et beaucoup plus radicalement ont toujours été présentes, plus ou moins fortes. Les raisons de cette apparente lenteur, ou difficulté à accepter le changement résident peut-être dans des contradictions profondes entre les rôles et les attentes de l'école, fardeau majoritairement placé sur les épaules des enseignants.

Les élèves doivent apprendre les connaissances les plus pertinentes issues du passé, mais chacun doit être prêt à relever les défis du monde du travail d'aujourd'hui et de demain. Les élèves doivent être socialisés, mais tout en nourrissant la créativité et l'individualité de chacun d'eux. Chaque élève doit être obéissant face à l'autorité, mais il doit aussi développer son jugement et sa pensée critique. L'école doit favoriser la coopération entre les enfants tout en les préparant à affronter le monde du travail hautement compétitif.

Les pratiques pédagogiques les plus anciennes, comme le fait que tous les enfants fassent la même chose en même temps ou que l'enseignant soit toujours placé de façon à faire face à la classe, sont un état d'équilibre entre les contradictions citées ci-dessus. L'arrivée d'une nouvelle technologie doit bien sûr prouver son utilité dans les apprentissages, mais avant d'être complètement adoptée, elle doit montrer que cet équilibre, souvent fragile, est maintenu.

Voici ma liste des principaux outils du web 2.0 en parallèle avec la taxonomie de Bloom, selon l'ouvrage qu'il a publié en 1956, et qui a été révisé et adapté depuis par plusieurs chercheurs. Bloom fait l’hypothèse que les habiletés cognitives peuvent être mesurées sur un continuum qui va du simple au complexe. Sa taxonomie compte six niveaux organisant l'information de façon hiérarchique, chaque niveau inclut le précédent.

Au niveau le plus simple (niveau 1) de la taxonomie de Bloom, seule la mémoire est impliquée. Les connaissances sont des unités à stocker en mémoire. Bien que la mémorisation soit le niveau le plus bas, elle est cruciale à l'apprentissage. Cette mémorisation n'a pas à être une activité intellectuelle distincte, et elle sera renforcée par les activités de niveau plus élevé. Au second niveau, cette même information une fois comprise est dotée de sens. L'élève peut donc classer l'information, l'expliquer, la reformuler, en donner des exemples. Cette compréhension lui permettra d'atteindre le troisième niveau de la taxonomie : l'application. Les connaissances sont maintenant utilisables dans tout un ensemble de situations plus ou moins similaires.

Les niveaux supérieurs, respectivement analyse, synthèse et évaluation exigent de plus en plus de l'élève. Ce sont les niveaux 4, 5 et 6 qui représentent des activités cognitives de haut niveau. Au niveau de l'analyse (niveau 4), l'élève pourra décomposer un sujet ou un concept en parties plus simples et en expliquer les origines et les conséquences. Au niveau de la synthèse (niveau 5), l'élève utilisera des idées connues pour les réarranger et en créer de nouvelles. Il pourra reformuler en tout ou en partie un sujet en se basant sur plusieurs sources de renseignements. Enfin le dernier niveau, celui de l'évaluation (niveau 6), qui rappelons-le comprend et inclut les cinq niveaux précédents permettra à l'élève de juger de la valeur d'un sujet dans un but précis.

Le surlignage


Le surlignage, l'équivalent numérique du marqueur coloré, remplit exactement les mêmes fonctions : mettre en surbrillance, avec une couleur choisie par l’utilisateur, des passages jugés importants qu'il souhaite retrouver rapidement et facilement. La version numérique fait partie du toutes les applications de traitement de texte et s'emploie localement. La version web 2.0 permet, grâce à divers outils disponibles en ligne, de sauvegarder dans un fichier spécial en ligne les passages surlignés dans n’importe quelle page web qu'il aura visitée. Ces passages surlignés peuvent être transmis via courriel à d'autres internautes. Le fait de surligner s'associe au premier niveau de la taxonomie de Bloom.

Les marque-pages


Cette fonction d'ajout de signet est, elle aussi, utilisable localement ou en ligne dans sa version web 2.0. À la base, l’utilisateur souhaite garder dans un fichier local ou en ligne les adresses URL de divers sites qu'il souhaite pouvoir retrouver plus tard. Cette opération est possible localement dans tous les navigateurs ou en ligne à l'aide de diverses applications, telles Delicious, Diggo, Pearltrees, Stumble upon, et d'autres. Un avantage non négligeable de l'utilisation de ces applications : les signets seront accessibles à partir de n'importe quel ordinateur, simplement en accédant à son compte en ligne. Un second avantage est la possibilité de partager ces signets avec d'autres utilisateurs préalablement sélectionnés ou encore de partager avec tous les utilisateurs du web.

Les cartes d'apprentissage (flashcards)

Il s’agit ici du bon vieux moyen d'étude qui est utilisé depuis des générations. Une liste de questions et réponses à retenir est préparée par l'élève et il les repasse dans l'ordre et le désordre jusqu'à ce que le tout soit bien ancré en mémoire. Il existe diverses applications web 2.0 qui permettent à un groupe de concevoir une série de cartes d'apprentissage et de les partager. Des applications comme Quizlet, Braineos, Flachcardmachine, qui présentent en outre l'avantage non négligeable d'être accessible à partir d'appareils mobiles (téléphones intelligents, Ipod) permettant l'étude de partout. Les avantages de ces applications sont les mêmes que précédemment; chaque membre de l'équipe peut contribuer à la préparation des cartes d'apprentissage, ces certes sont accessibles de n'importe quel ordinateur en accédant à son compte en ligne. L'utilisation de carte d'apprentissage demeure au premier niveau de la taxonomie de Bloom, mais comme cité précédemment, il s'agit d'une étape cruciale de l'apprentissage.

Les outils de cartographie mentale (mindmapping)


Cette technique tient compte du fait que les deux parties du cerveau humain accomplissent des tâches différentes. La partie gauche du cerveau est le siège des pensées logiques, arithmétiques, linéaires, séquentielles, d'analyse; tandis que le côté droit est le siège de l'imagination, de l'émotion, de la géométrie, de la synthèse. La cartographie mentale utilise les deux côtés du cerveau, les fait travailler ensemble, augmente leur productivité et la rétention en mémoire. De plus, les cartes mentales respectent le processus de pensée naturel et non linéaire, grâce à leur structure ouverte.

En ce qui concerne maintenant la version informatisée des cartes mentales, il existe plusieurs applications facilement accessibles, gratuites et simples d'utilisation, telles Freemind, Cmaps, pour une utilisation locale et Bubbl.us, entre autres, pour une utilisation en ligne permettant la sauvegarde sur un serveur distant. Cela permettra l'accès de partout, du moment qu'il y a accès à Internet et le partage possible de la carte mentale.

Si nous tentons maintenant de classer les outils de cartographie mentale selon la taxonomie de Bloom : l’application (niveau 3) est atteinte. L'application requiert des élèves d'expliquer des concepts, de les comparer, de faire des inférences ou de tirer des conclusions. Les outils de cartes mentales peuvent également servir à analyser (niveau 4), qui demandent la déconstruction de concepts en parties plus simples.

Les wikis


Le terme wiki est dérivé d'une expression Hawaïenne qui signifie rapide. Un wiki est un site collaboratif dont le contenu peut être modifié par les visiteurs. C'est une façon simplifiée de créer des pages web HTML, combinée avec un système qui garde un registre des modifications, le wiki peut donc être retourné à une version précédente à n'importe quel moment. Selon la configuration du wiki, certains utilisateurs seulement vont avoir le privilège de modifier le contenu pendant que tous les visiteurs vont pouvoir visualiser ce contenu. Ou encore, les droits de modification peuvent être laissés à tous les visiteurs.

Les wikis peuvent être utilisés comme source d’informations et de connaissances, ou un outil de collaboration dans l'élaboration de documents communs. Les équipes de travail qui utilisent un wiki atteignent un niveau d’activité cognitive plus élevé (selon la taxonomie de Bloom) et retiennent l'information plus longtemps, comparé aux élèves qui font un travail équivalent de façon individuelle. Les wikis facilitent et améliorent les interactions et le travail de groupe, facilitent le partage et la distribution de connaissances parmi les participants. Les wikis permettent aux élèves qui y participent d'écrire, d'effacer du matériel sur une page commune, travaillant ainsi collaborativement à la recherche d'une solution.

Un avantage de cette technologie, outre ceux déjà présentés, est la possibilité et la facilité d'intégrer des liens dans le document de travail. Ces liens peuvent diriger vers d'autres pages wiki, vers des pages web, des vidéos, des images, ces possibilités augmentent de beaucoup la richesse des contenus et l'interactivité du document produit.

Un autre avantage de cette technologie est la possibilité pour l'enseignant de voir les traces de la collaboration de chacun des membres du groupe. Cependant, celui-ci doit expliciter à l'avance et clairement ses attentes et la manière dont la participation de chacun sera évaluée au terme de la tâche. À titre d'exemple, si un élève fournit plusieurs idées au départ, mais qu'au final, ses références ne sont pas retenues dans le travail, comment cet élève sera évalué? Ou encore est-ce qu'une simple participation suffit sans tenir compte de la valeur au regard du produit fini? Il semble opportun d'être consciente de ces questionnements forts légitimes de la part des élèves.

Les utilisations possibles de la technologie wiki en classe sont nombreuses : activités de tempêtes d'idées (brainstorming), pour les discussions de groupe, pour la création d'une base de connaissances et aussi pour l'écriture collaborative. L'utilisation d'un wiki comme support à un projet de recherche, qui évolue avec le travail, garde des traces des contributions de chacun et permet la redirection vers d'autres sites, des images, des séquences vidéo. L'utilisation d'un wiki en lieu et place des photocopies qui sont traditionnellement distribuées dans les salles de classe.

Les blogues


Le blogue est un site web ayant la forme d'un journal personnel, au contenu antéchronologique, qui permet à son auteur ou à ses auteurs une liberté éditoriale presque totale. Les utilisations du blogue en classe sont nombreuses. En bloguant, les élèves doivent lire de l’information, en sélectionner les parties les plus pertinentes, la restructurer pour déterminer une façon intéressante et cohérente d'écrire à leur sujet. Toutes ces activités (de haut niveau selon la taxonomie de Bloom) sont aptes à développer la pensée critique.

Voilà. Il existe encore de très nombreuses applications utiles en classe (Prezi, Evernote...) L'exploration se poursuit. Mais il faut garder à l'esprit que ce sont des OUTILS au service de notre pédagogie, et non un cadre auquel la pédagogie doit se plier.

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